Quand on passe la porte de Mokonuts, la première chose qui nous frappe c'est le sourire lumineux de Moko. Cette pâtissière, dont les cookies s'arrachent comme des petits pains, est aux commandes de cette cantine épurée qu'elle a créé en 2015 avec son mari Omar. Lui est le grand Chef du salé, elle, se consacre au sucré et gère la salle. A eux deux, ils nous transportent dans un univers culinaire très bien maîtrisé et sans fioritures, aux influences métissées.
Photos : Mathilde Lezaun.
Moko, d'où viens-tu ?
Je suis née au Japon mais j’en suis partie très vite – avant mes 1 an - car mon père a eu un boulot à San Francisco. Je suis rentrée à 5 ans à Tokyo et j’y suis restée jusqu’à mes 18 ans. À cette époque-là, j’avais envie de changer d’air. J’étais en quête de quelque chose sans vraiment pouvoir dire quoi. Alors je suis partie pour New York où j’ai été acceptée dans une Université. J’y suis restée 15 ans et suis devenue avocate spécialisée en finance.
C’est là-bas que j’ai rencontré mon mari Omar – qui est franco-libanais.
Un jour on a décidé de partir à Londres, et c’est là-bas que j’ai eu une sorte de révélation. J’avais envie de faire de la pâtisserie. En fait depuis petite je voyais ma mère en faire, elle était très douée pour ça. J’ai appelé LADURÉE pour un stage, ils ont dit ok et voilà. J'ai fait ça en plus de mon travail d’avocate.
Et puis Paris ?
Quand on est arrivé, c’était la galère. Trouver un boulot ou même un stage dans la pâtisserie sans diplôme, c'est très compliqué. Et puis Fabrice le Bourdat du restaurant Blé Sucré m’a dit ok viens bosser, et ça s’est enchainé.
J’ai bossé au Senderens (Lucas Carton) et au Yam t’cha.
Ensuite, avec Omar, on a bossé sur un super projet du Haut Marais, lui aux commandes d’un restaurant italien et moi sur la partie design pour l’ensemble des restaurants.
Quand le projet a pris fin, on s’est tous les deux retrouvés au chômage et c’est là qu’on s’est dit qu’on allait ouvrir notre propre restaurant.
Pourquoi avoir donné le nom de Mokonuts au restaurant ?
C’est mon surnom, parce que je suis un peu folle (rires).
Quelles difficultés as-tu rencontré ?
La pâtisserie c’est mal payé par rapport au métier d’avocate en finance. Et en France, c’est un monde très masculin et très hiérarchique. Moi j’aime être autonome et je parle trop (rires). Et je n’ai pas de CAP. C’était très difficile. C’est chez Adeline Grattard que j’ai vraiment pu m’exprimer, avec des pâtisseries autour du goût et pas uniquement centrées sur l’esthétisme.
Comment as-tu pensé la décoration du restaurant ?
Comme à la maison. On voulait une décoration assez brute, accessible et familiale. Minimaliste et pas trop raffinée. On aime bien chiner, c’est pour ça qu’ici tu trouves des objets qui viennent d’un peu partout.
Ton lien entre les voyages et la décoration ?
J’adore la céramique, j’en ramène de presque tous mes voyages.
Ton plus beau voyage ?
C’est dur de répondre à cette question. Chaque voyage nous apporte quelque chose de différent. Tu sais nous on voyage pour découvrir de nouvelles saveurs. L’Indonésie c’était magique. J’ai des souvenirs incroyables de la nourriture à Kuala Lumpur. L’Italie aussi. Et le Japon bien sûr, où on essaye de se rendre une fois par an.
Le voyage de tes rêves ?
Un tour du monde d’un an avec Omar et nos deux filles.
Un livre qui parle d’ailleurs ?
Fountainhead d’Ayn Rand.
Qu’est-ce qui te plaît dans l’artisanat ?
Le fait main, l’âme que les créateurs mettent dans leur objet, les détails, les imperfections.
Ici, j’ai de la vaisselle en grès d’Emilie Brichard et son atelier MALO et des céramiques de Judith Lasry dont j’adore le travail. Des théières du Japon, des verres à citronnade de Syrie. Et maintenant une housse de coussin Boucherouite IMMI validée par ma plus jeune fille qui n’a pas résisté à ses touches de rose.
Est-ce tu as déjà été au Maroc ?
Je connais très peu. J'ai failli y aller avec mes parents quand j’étais petite et finalement – je ne sais pas pourquoi – on a fait un voyage en Europe de l’est. Mais j’aimerais beaucoup y aller, voir et ressentir l’énergie des villes, des marchés, gouter à leur street food. Et aussi faire découvrir la mer aux filles un peu différemment et le désert bien sûr.
Quel pays aimerais-tu voir mis à l'honneur sur IMMI ?
Le Japon. Je pense qu’il y a tellement choses à explorer. Chaque région a ses spécificités. Et je m’en rends encore plus compte depuis que je n’y vis plus. Quand j’y retourne maintenant, c’est presque avec un œil neuf et je m’émerveille à chaque retour au pays.
Mokonuts, 5 Rue Saint-Bernard, 75011 Paris
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